ZOÉ DINAMPITIA

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© Line leclair – Culture Saint-Pierre_Festival Souffle-o.I#4_Lalanbik
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ZOÉ DINAMPITIA

Cie Tahala #Madagascar

Depuis vingt ans Zoé s’est engagée dans la transmission de la danse contemporaine à Tamatave, deuxième ville de Madagascar, mélange complexe de cases traditionnelles croupissant dans les cloaques, de langueur de l’océan Indien, de modernité arrogante et déglinguée. Fondatrice d’une compagnie professionnelle, Tahala, après avoir été interprète pendant plusieurs années dans le cie Rary, elle a tourné aux États-Unis, en Europe et se produit dans l’océan Indien. Initiatrice d’une dynamique autour de la danse, elle permet à de jeunes interprètes de se professionnaliser. Certains d’entre eux participent maintenant à des projets prestigieux (cursus poursuivi à l’école des sables, projet dancing Pina…). En parallèle avec eux elle continue de mener des ateliers auprès des plus jeunes. 

Directrice et fondatrice du festival Mitsaka, Zoé réunit depuis presque vingt ans plus d’une centaine de danseurs de toute l’Île mais aussi des compagnies professionnelles de la Réunion, du Mozambique, d’Afrique du Sud, de Maurice, des Comores, des Antilles, de France continentale. Ce réseau s’est structuré autour du projet M3R, devenu IOCAN, plateforme chorégraphique de l’océan Indien. Échanges de pratique, circulation des artistes, stratégie de développement agrègent des compagnies et artistes d’un espace insulaire et côtier de l’océan Indien. 

Après trente ans de parcours professionnel elle prépare un master et un DE de danse à l’ESMD de Lille, sur un autre continent, laissant sa famille, ses amis et sa ville de Toamasina (Tamatave). Elle poursuit régulièrement sa recherche chorégraphique lors de résidences : Belfort et Caen en 2022, Milhaud (Gard) mars-mai 2023, CCN de Roubaix en juin 2023.

 

Le style artistique de Zoë

Le style artistique de Zoé relève surtout d’une démarche. Il est le fruit d’une situation géographique et personnelle.
Démarche davantage que style parce que Zoé est en mouvement. Femme, elle a fait des études, fondé une famille, en même temps qu’elle a intégré la seule compagnie professionnelle de Madagascar il y a 30 ans. Cette démarche s’inscrit donc dans une durée, une maturation à partir d’influences, et un désir anticonformiste.


Zoé est une femme du XXIè siècle, indépendante, déterminée fortement marquée par un désir de réaliser ce qu’elle souhaite. Artistiquement l’ensemble de son geste de création est marqué par cette sorte de houle profonde qui prend le temps d’alimenter sa puissance mais sans désir d’imposer de façon fracassante.


Au contraire ce mouvement de profondeur est également nourri d’une territorialité très terrienne. Malgache de la côte est de son île, elle existe par son regard sur son environnement ou plutôt sur ce qu’elle souhaite qu’il porte. Zoé s’impose comme une passeuse, elle observe, affine, avant de se lancer dans une démarche programmatique. Ce programme c’est celui d’appartenir à un espace géographique, une île à la fois africaine et océanienne. L’essence artistique puise dans le quotidien du travail. Si cette source est sociale, il s’agit bien de parler du peuple malgache, elle affirme une énergie, un désir d’avancer, ce qui fonde un tissu social. Ce qu’elle traduit en danse c’est un substrat culturel à interroger. Comme le geste d’un artisan elle répond à une demande actuelle en adaptant ses savoir-faire à la matière qui se présente.


Ainsi la couleur de sa démarche artistique renvoie à elle directement. Zoé est une singularité insaisissable. Elle navigue entre les langues, elle a créé la possibilité pour elle de voyager depuis une région du monde où cela reste exceptionnel et limité, elle est artiste dans le sens où elle empreinte toujours une voie singulière, un chemin de traverse où on ne peut pas l’enfermer. Peut-être qu’une partie de son style est fondé sur l’ébauche, l’essai parfois même jusqu’au brouillon.


En ce sens ce style est à la fois ancré, répété et éphémère. Elle empreinte sûrement à cette obligation de l’instant présent que connaissent la plupart de ses concitoyens. Puisque les aléas empêchent les réalisations et les projections sur la longue durée, Zoé et sa danse créent un espace pour l’expression du possible. Elle engrange pour pouvoir décliner son geste selon l’opportunité du moment et son humeur aussi. La gestuelle peut en être hachée, déconcertante, mais elle est toujours attentive à l’ambiance, l’environnement, la matérialité humaine qui l’entoure. Ce style est une sorte de cri silencieux. Comme le côté exposé aux cyclones qui balaient tout, l’art de Zoé est de se relever identique et capable de modifier ce qu’elle avait fabriquer. C’est une affirmation d’exister donc d’être du présent, toujours en prête recommencer.

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OEUVRE ÉLARGIE

Une palette d'inspirations artistiques